
Manifeste complet
Il
y a trente ans, les agriculteurs du Larzac menaient une lutte, qui devait
se terminer par une victoire, contre la dépossession de leurs terres par
l’État militariste. Elle attira l’attention du monde, suscita la convergence
des luttes sociales, réunit sur le plateau toute une jeunesse européenne,
vit passer des pacifistes venus de l’autre face de la terre. Maîtrisée
dans tout son développement par les paysans eux-mêmes, elle reste exemplaire:
elle a prouvé que des hommes et des femmes résolus agissant pour une juste
cause peuvent gripper les décisions de la machine étatique; par sa dimension
planétaire elle annonçait le mouvement actuel passé par Seattle, Davos,
Gênes,, Porto Alegre; riche de contenus dégagés tout au long du pacifique
combat, elle donnait une espérance au peuple de la Terre soumis aux impérialismes.
Trente ans plus tard, le devoir des hommes libres est de rendre hommage
aux paysans du Larzac, et en conséquence d’affirmer leur solidarité avec
ceux qui portent les formes nouvelles de leur combat jusqu’à affronter
la répression. Trente ans plus tard, les impérialismes sont rassemblés
dans le pouvoir d’une oligarchie mondiale politico-financière maîtresse
de la Planète à travers un système économique global et un État
hégémonique possesseur d¹une puissance absolue de mort. L’expérience vient
d¹en être faite en Afghanistan et en Iraq. Pour mettre la main sur les
ressources et les relations stratégiques principales de l’économie du
pétrole, une guerre a été déclenchée au mépris de toutes les conventions
internationales, avec les moyens les plus terrifiants, en faisant servir
l’hypocrisie et le mensonge les plus éhontés que l’histoire ait connus.
On sait maintenant que les motifs invoqués (la présence d’armes de destruction
massive) étaient des faux, et l’on attend la suite de ce qui, au nom d’une
lutte contre le terrorisme, a été déclaré une guerre permanente.
Mais les résultats en apparaissent déjà piteux. Il y a une résistance
des peuples contre laquelle l’inintelligence surarmée ne peut rien,
que tuer, toujours tuer.
Trente ans plus tard, les périls que faisaient courir à la vie sur notre
planète une course effrénée à la croissance économique pilotée par les
logiques de profits et de puissance en sont arrivés à la phase d¹urgence.
Les responsables en sont le même système économique, le même État hégémonique,
qui refuse de se soumettre aux premières régulations préconisées à l’échelle
internationale, le même groupe de personnes, pilleurs et tueurs de la
Terre. Pendant qu¹ils renforcent leur pouvoir et vassalisent un à un les
États quémandeurs, une grande partie de l’humanité meurt de faim, de misère,
de maladies non soignées. Les déserts avancent et les peuples meurent.
Mais le sursaut du Larzac est devenu universel. Nous avons assisté
en cette année 2003, dans les rues des cités du globe tout entier à la
mobilisation contre la guerre, pour la vie, de ce qu’il faut bien appeler
le « Peuple de la Terre ».
Pour les trente ans du Larzac, c’est à ce Peuple que nous faisons
appel, et lui proposons les trois objectifs de survie et peut-être
d¹épanouissement qui sont nées ici . Ce sont trois principes qui ont la
valeur d¹une déclaration universelle des droits:
1- Le Peuple de la Terre a droit à la vie, quel que soit
son lieu d’habitat et son degré de développement matériel et social. Jusqu’à
ce jour il s’est fié et confié à des organisations partielles et rivales,
qui ont eu en leur dernier parcours la forme de l’État. Il en
est résulté des guerres perpétuelles, une soumission des faibles aux forts,
des injustices effroyables et une humanité saignée à blanc. Aujourd’hui
la plupart des Etats sont devenus des organisations désuètes, incapables,
devant la globalisation qu’elles soutiennent, d¹assurer la décision économique
en leur cadre, et l’État hégémonique universel en gestation illimité
leurs inconvénients et leurs crimes. En dernière instance, l’Organisation
des Nations Unies a été bafouée par les États Unis d’Amérique et
frappée d’inanité. En conséquence, l’objectif politique du « Peuple
de la Terre » ne peut être que la gouvernance universelle, un
système fédéral démocratique mondial à substituer aux États et au
désordre de l’impérialisme ultra-libéral.
2 - Les peuples et les pays ont droit à la vie, c’est-à-dire au
plein développement en leurs lieux et selon l’irisation de la variété
culturelle. Le droit au pays a été proclamé il y a trente ans sur le Larzac.
Il l’a été en occitan (Gardarem lo Larzac) dans une langue que l’État
français avait longuement maintenue dans ses geôles culturelles. Le temps
est venu de dessiner les instances de la vie européenne et mondiale selon
un organisation à étages, depuis la cellule de base de la vie sociale(appelée
généralement le pays) jusqu’à l’inter régionalité la plus vaste, en passant
par la région telle que la dessinent sa culture historique et ses relations
naturelles. Il est grand temps d’instaurer la démocratie mondiale contre
le tribalisme étatique, c’est-à-dire l’autonomie universelle.
3- La vie a droit à la vie. Devant les risques qu’elle court présentement
du fait d’une exploitation sauvage pour le profit des maîtres du jeu capitaliste,
ne régulation est nécessaire. Seule une autorité du « Peuple
de la Terre » dont l’organisation contraindrait les rivalités et
effacerait l’hégémonie est capable de l’imposer. Ce que nous proposons,
ce n’est pas une régression vers les formes de vie idylliques d’un
pseudo-âge d’or, ce n’est pas un rêve de paradis écologique, ce
sont des choix démocratiques fondés sur un calcul sévère des inconvénients
et des avantages de l’innovation et de l’exploitation techniques. Aucun
progrès matériel n’est condamnable en soi ( la vie sur la terre est une
évolution, que l’homme relaie). Ce qui l’est, c’est sa retombée destructrice
et son utilisation
perverse par des pouvoirs sans scrupules. Si nous lançons aujourd'hui
cet appel à un avenir que certains diront utopique, ce n'est pas que nous
méprisions les analyses et les programmes.
C'est parce que nous croyons que le mouvement large et profond qui
a commencé à faire apparaître un « Peuple de la Terre »,
capable déjà de bouleverser l'histoire des sociétés humaines, inventera,
dans l'avance et le combat, les formes d'organisation qui lui seront nécessaires.
Nous serons avec lui pour cela avec décision et réalisme. Nous ne nous
substituons pas à lui.
Sur
le Larzac, le 9 août 2003, nous prenons le risque de dire cette espérance,
à la mesure du danger. Gardarem la Tèrra. Vive le Peuple de la Terre.
Visca lo Pòble de la Tèrra.

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GARDAREM LA TERRA
Gardarem la Tèrra ! - 42, carrièira Adam de Craponne - 34 000 Montpellier
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